Le nouveau numéro de « Autour du feu » a porté sur la personne du feu Joseph Kasavubu, premier homme d’État congolais. Le patriarche Chirha est revenu sur sa personne, expliquant pourquoi il s’appelait Joseph et l’origine du nom Joseph qui renvoie au « père nourricier de l’enfant Jésus ». Il a également évoqué l’origine du nom « Kasa », déformation de « Nkasa », pluriel de « Lokasa » signifiant « feuille ».
On l’appelait ainsi car le jour de sa naissance, son père était accusé de sorcellerie et a survécu à une épreuve traditionnelle, donnant à son nouveau-né le nom de « Nkasa » signifiant « feuille ou poison ». Selon le patriarche Chirha, le nom est un présage, soulignant que Joseph Kasavubu a été un « poison » pour les colonisateurs et le véritable père de l’indépendance de la RDC. En effet, il fut le premier Congolais à assumer le rôle de bourgmestre dans la commune de Bendhal, aujourd’hui commune Kasavubu, où sa maison est devenue un site touristique.
Le patriarche a également évoqué Kasavubu en tant qu’écrivain, citant notamment son discours du 20 avril 1958. Kasavubu était un éloquent homme de lettres et un orateur politique. Dans ce discours, une phrase lui valut une interpellation pour avoir traité les Blancs par périphrase dans « ceux à qui nous avons rendu la liberté ». Il rappela que ce furent les soldats congolais qui remportèrent la Seconde Guerre mondiale en battant les Italiens, Allemands et Espagnols, soulignant le rôle des Congolais dans la libération de la Belgique.
La DUDH adoptée en 1958 stipule que la Belgique devrait renoncer à la colonisation. Kasavubu fut interpellé par Jean Tordeur après cette déclaration, provoquant des émeutes chez les Congolais. Le patriarche Chirha souligne l’injustice si les Belges et les Anglais n’aident pas la RDC en temps de guerre, alors que les Congolais les ont soutenus lors de la Première Guerre mondiale.
Chirha revient sur les mérites de Joseph Kasavubu en tant que premier bourgmestre, grand séminariste, homme cultivé et fondateur de l’ABAKO, association culturelle devenue parti politique réclamant l’indépendance immédiate. Il évoque également son discours post-indépendance qualifié de « malheureux » pour révoquer Lumumba.
Pour neutraliser Lumumba, Kasavubu fit une erreur en parlant de « premier bourgmestre » au lieu de « premier ministre », permettant à Mobutu de faire un coup d’État. Chirha qualifie ce discours du 5 septembre 1960 d’éloquence politique maladroite. Mobutu neutralisa Kasavubu et Lumumba, avec la complicité de certains commissaires généraux issus de l’université, signant un décret-loi constitutionnel dissolvant les institutions issues des élections de mai 1960 avec l’aval de Kasavubu et Bomboko.
Le 4 novembre 1962, Joseph Kasavubu s’est exprimé lors de l’ouverture d’une session parlementaire, abordant des questions apparemment ardues mais cruciales pour la nation. Il a souligné l’importance de l’adoption d’un drapeau, alors que le pays était divisé en raison de la sécession katangaise et d’autres mouvements séparatistes. Kasavubu a reconnu la nécessité de symboles nationaux unificateurs tels qu’un drapeau et des armoiries.
Le patriarche Chirha rappelle que le Katanga avait son propre hymne, “La Katangaise”, tandis que le Congo n’avait pas encore de symboles nationaux unifiés. Il mentionne également l’absence d’un hymne national, qui a été composé plus tard par le père Paul Simon Pierre Boka à Bruxelles. Il met en lumière le rôle méconnu de ces compositeurs dans la création des symboles nationaux.
Après la réunification du Congo, sous le règne de Kasavubu, l’hymne national a été enseigné aux élèves, tout comme la création des ordres nationaux. Cependant, Kasavubu a été accusé d’être impliqué dans la mort de Lumumba et a dû faire face à des pressions politiques, ce qui a finalement conduit au coup d’État de Mobutu. Kasavubu s’est retiré dans sa région natale où il est décédé à l’âge de 52 ans.
Le patriarche Chirha soulève la question de la reconnaissance insuffisante de Joseph Kasavubu en tant que héros de l’indépendance et homme d’État remarquable. Il plaide pour la commémoration de Kasavubu à travers un mémorial ou un monument à son nom. Il souligne également l’importance d’enseigner aux élèves non seulement les genres littéraires traditionnels, mais aussi l’éloquence politique à travers les discours de personnalités historiques telles que Kasavubu et Lumumba.
En conclusion, le patriarche appelle à une meilleure reconnaissance de Joseph Kasavubu et à une transmission adéquate de son héritage politique et historique aux générations futures, soulignant l’importance de préserver la mémoire des figures clés de l’histoire
Cette séance sera donc conclue par un requiem en la personne de KASAVUBU dont on a imploré protection, convaincu qu’il est au ciel.
Un espace culturel congolais indépendant et fédérateur d’artistes et d’organisations culturelles et artistiques pour une production de qualité, rayonnant à l’échelle provinciale, nationale et internationale, à travers une promotion régulière des artistes et des métiers de Bukavu et ses environs.
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