Le jeudi 07 mars 2024, s’est tenu un nouveau numéro de “Autour du feu” au camp des profs ISP à Bukavu. Les intervenants de la soirée étaient Mme Marie-Jeanne M’Bachu et le patriarche de la culture Bukavienne, le CT Gervais CHIRHALWIRWA NKUZIMWAMI. Cette édition était consacrée aux “certaines femmes congolaises célèbres”.
La cérémonie a débuté avec la belle voix de VISCACH, suivie par l’accueil du patriarche CHIRHA qui a abordé la contribution des femmes célèbres dans l’histoire du Congo. Le CT CHIRHA a ensuite expliqué le choix du sujet du jour et redéfini le contexte. Dans son exposé, le patriarche a souligné l’importance de célébrer les femmes célèbres congolaises en citant l’écrivain congolais Sony Labu Tamsi : “Malheur aux vivants qui n’ont pas des morts”.
Il a évoqué des exemples de femmes célèbres pour leur beauté, des femmes de la Bible, ainsi que des femmes ayant joué des rôles politiques importants dans l’histoire du Congo. Le patriarche a rappelé des noms comme Marie Cimonge, Josline Migabo, Longangi Kabala, Hengwa, Furaha Cimanuka, Zita Kavungilwa, et d’autres encore. Il a souligné le rôle crucial de ces femmes dans la société congolaise.
Le CT CHIRHA a également mentionné que le blanc n’avait rien fait pour promouvoir la femme congolaise jusqu’en 1960. Il a évoqué des femmes célèbres au niveau de la province du Sud-Kivu, soulignant leur impact dans divers domaines tels que le sport, la culture, la politique et le social.
Le patriarche CHIRHA évoque la figure d’Elizabeth Ishaka Ndjuma, première femme congolaise à obtenir le titre de “Docteur” en sociologie, ainsi que deux femmes proches de Lumumba, renommées pour leur vertu, dont Pauline Opango. Il met en lumière des femmes congolaises de renommée universelle telles que Béatrice, primée pour sa bravoure militaire, et Kimpa Vita, surnommée la Jeanne-d’Arc congolaise.
Le deuxième intervenant, Mme Marie-Jeanne M’Bachu, évoque sa participation à la première conférence internationale de la femme sous l’égide des Nations Unies. Ces dernières ont encouragé la participation active des femmes au développement de la RDC. Elle rend hommage au feu Mobutu, qui prônait l’émancipation des femmes, bien que cela fût mal compris à l’époque. Mme M’Bachu estime que Mobutu avait conscience que l’émancipation des femmes renforcerait son pouvoir et lui conférerait une force inébranlable. Observant attentivement la situation depuis les années 70, elle souligne le rôle pionnier de Papa Chirichungu Emanuel à Bukavu, premier à scolariser ses enfants et à recevoir une carte de mérite civique, témoignant de la civilisation des Noirs et de leur statut d'”évolués”.
Elle relate comment la conférence des femmes organisée par Mobutu a été suivie d’une tournée nationale pour dialoguer avec les femmes. En tant qu’enseignante à l’école des filles, elle a osé exprimer ses préoccupations devant Mobutu lors de cette rencontre, ce qui lui a valu des menaces du gouverneur et l’a contrainte à se réfugier chez les sœurs missionnaires d’Afrique. Cette expérience a nourri sa résistance et l’a conduite à suivre une formation syndicale en Israël en 1980, renforçant ainsi sa capacité à défendre les droits des femmes. De retour, elle a été nommée responsable de la “condition féminine”, branche spécialisée du MPR chargée des questions féminines. Malgré les défis posés par cette position au sein d’un mouvement dictatorial, elle a progressivement organisé les femmes en associations novatrices, inspirée par son expérience israélienne.
Mme M’Bachu souligne les obstacles rencontrés, notamment les pressions des épouses des dirigeants, et insiste sur la distinction entre la Journée internationale des droits de la femme et celle de la femme. Ainsi, elle a organisé une foire agricole le 8 mars pour mettre en valeur la force des femmes de la région.
Interrogée par le modérateur sur les conseils qu’elle donnerait aux jeunes femmes en quête de modèles à l’étranger, Mme M’Bachu conclut : “Toute ma vie, j’ai travaillé aux côtés des femmes. Mon conseil général est de ne pas chercher à réinventer la roue. Vous pouvez apprendre beaucoup de nous aussi. N’allez pas loins!.”
Un espace culturel congolais indépendant et fédérateur d’artistes et d’organisations culturelles et artistiques pour une production de qualité, rayonnant à l’échelle provinciale, nationale et internationale, à travers une promotion régulière des artistes et des métiers de Bukavu et ses environs.
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